LA GRANDE QUESTION : la succession au sein de JEM

Mars 2023 - Lynn Green

Chers responsables de JEM,

Il y a eu beaucoup de larmes lors de la réunion du Cercle des Fondateurs (CF) au début du mois chez Loren et Darlene Cunningham, alors que nous nous réunissions pour la première fois en personne depuis plus de trois ans. Loren venait de subir des examens de santé approfondis et les résultats nous sont parvenus au moment où la réunion du Cercle des Fondateurs commençait. (Le Cercle des Fondateurs est un groupe d’une quinzaine de responsables d’âge mûr de JEM, invités par Loren et Dar à assumer avec eux la responsabilité de veiller à la vision et aux valeurs de JEM et d’exercer un rôle d’ancien pour ce mouvement, en particulier dans le domaine de la prière).

Les rapports médicaux des spécialistes ont été présentés en deux parties. Le premier nous informait que les résultats n’étaient pas bons. Le second contenait le verdict des médecins : Loren est atteint d’un cancer qui s’est propagé dans tout son corps et qui est en phase terminale.

Au cours de ces journées, Loren s’est concentré sur la présentation de son message principal, qui s’est développé pendant la majeure partie de sa vie, mais qui s’est accéléré au cours des 20 dernières années. Avec une énergie et une clarté inattendue, il a parlé de l’importance de traduire les Écritures oralement pour chaque personne sur terre, dans sa langue maternelle. Nous sommes tous profondément convaincus qu’il s’agit là d’une tâche qui nous est confiée par Dieu, tout comme à des milliers de JEMiens actuels et à des dizaines de milliers d’autres à venir. Loren a été encouragé de savoir que nous adhérions à l’esprit de ce qu’il disait et que nous passerions le message plus loin. Après trois jours de discussions approfondies, Darlene lui a demandé s’il était satisfait. Il a répondu par un grand sourire et une affirmation.

Mais bien que le CF ait reçu son message et se soit engagé à le mettre en œuvre, NOTRE attention était centrée sur les implications des rapports médicaux. Nous ne pouvions pas les éviter.

Nous avons entouré Loren et Darlene de prières et de larmes. Paul Dangtoumda, responsable de JEM Port Harcourt, Nigéria, a pleuré et prié : « Les médecins ont donné leur verdict, mais ce n’est pas le verdict de Dieu. Nous croirons ce que Dieu dit. »

L’équipe médicale a déclaré que le cancer de Loren « ne s’est pas présenté comme un cas classique ». L’équipe médicale explique que lorsqu’un cancer est découvert dans les poumons, il évolue généralement très rapidement mais, dans le cas de Loren, c’est une évolution plus lente. Nous avons remercié Dieu pour cette bonne nouvelle et avons prié pour que Loren vive sur terre tous les jours que Dieu a prévus pour lui. Ce n’était pas un temps sans foi, c’était un temps rempli de foi, parce que Dieu a toujours été fidèle.

Bien sûr, nous savons tous que le jour du départ de Loren finira par arriver ; c’est le cas pour tout le monde. Et quelle glorieuse espérance et promesse que l’éternité avec Jésus ! Loren se délecte souvent à proclamer : « Le Ciel, c’est pour de vrai !».

Mais ce diagnostic de cancer, qui nous donne à réfléchir, nous a poussés à examiner les implications personnelles plus immédiates de la situation. Le deuil et le sentiment de perte imminente sont appropriés – et le moment venu, nous devrons prendre le temps, en tant que famille mondiale, de pleurer et d’honorer cet homme extraordinaire que Dieu nous a donné le privilège de suivre.

Mais que se passera-t-il ensuite pour JEM ?

Au cours des dernières années, on m’a souvent demandé : « JEM a-t-elle un plan de succession après que Loren ne sera plus avec nous ? » Lorsque Darlene a partagé, le 1er mars, le diagnostic de cancer de Loren, cette lettre a soulevé la question de la succession dans de nombreuses conversations à travers le monde.

Mon objectif en écrivant cette lettre est de répondre à cette question.

La réponse est évidente depuis plus de 60 ans, mais nous portons presque toujours des œillères culturelles qui nous empêchent de voir à quoi ressemble un avenir sans Loren, au niveau des plans de leadership de JEM.

Le fait est que les jours sans Loren arrivent. Sommes-nous prêts ? Je maintiens que Loren lui-même a commencé à nous préparer à cela dès le début de JEM en 1960, lorsqu’il a reçu une parole claire de Dieu disant que « JEM doit être décentralisée ». Ensuite, toute la mission a commencé à se préparer au début des années 1970. J’étais là en 1972, lorsque l’incroyable campagne d’évangélisation aux Jeux olympiques de Munich s’est achevée et qu’une centaine de JEMiens se sont rassemblés pour la plus grande réunion d’équipiers jamais organisée jusqu’à ce jour. L’objectif principal de cette réunion était d’annoncer la composition du [1] Conseil international.Loren y expliqua clairement qu’il n’avait jamais eu l’intention de diriger JEM seul ni de s’asseoir au sommet d’une hiérarchie organisationnelle.

Au départ, il avait nommé cinq autres personnes pour se joindre à lui dans un rôle d’ancien, alors que JEM devenait rapidement un mouvement mondial et multiculturel.

Ce groupe s’est agrandi, a changé, s’est agrandi encore et s’est régulièrement réuni à différents endroits dans le monde pour assurer la sagesse de la direction du mouvement. Loren était le « plus expérimenté parmi ses pairs », mais les autres membres et de nombreux autres responsables ont gagné en sagesse et en impact à travers les nations. Nous avons fini par mettre en place une équipe de direction mondiale [2] (GLT) avec un groupe exécutif.

Mais d’une certaine manière, cela ne semblait pas correct. Nous suivions le modèle de presque toutes les autres missions et dénominations, mais notre sens de la famille et de l’unité en souffrait. L’approche hiérarchique habituelle ne semblait pas nous convenir.

Au départ, il nomma cinq autres personnes pour se joindre à lui dans un rôle d’ancien de JEM, qui devenait rapidement un mouvement mondial et multiculturel. 

En 2002 et 2003, nous avions entrepris un processus de retour à la décentralisation telle que nous la concevions 40 ans plus tôt. Loren fit une retraite de onze jours de jeûne et prière, puis se joignit au rassemblement de la GLT à Nanning, en Chine. C’est là qu’il présenta un enseignement sur le rôle d’ancien spirituel qui fut connu sous le nom de « message du trépied ». Vous pouvez vous rappeler ce qu’il a enseigné en vous rendant à l’adresse suivante : le message du trépied 

Nous sommes appelés à exercer un leadership dans le cadre du modèle du CORPS. Regardez Éphésiens 4 ou Romains 12, ou 1 Corinthiens 12, ou relisez Actes 15 pour voir comment les premiers dirigeants de l’Église résolvaient les questions difficiles et assuraient une direction sûre.

En parcourant le livre des Actes des Apôtres, nous constatons que certains leaders fondateurs furent martyrisés au cours des premières années, mais que l’Église continuait à se développer de manière spectaculaire. Certains suggèrent que Pierre était le responsable principal de l’Église primitive, mais une lecture attentive de l’histoire des débuts démontre le contraire. Les apôtres, puis les anciens de Jérusalem, les prophètes et les diacres ont dirigé l’Église en tant que corps.

Dans la métaphore du corps, différents responsables dirigent à différents moments, en fonction de leurs dons, de leurs appels et des besoins du moment. Lorsqu’il fallait un évangéliste audacieux, Pierre était le leader du moment. Lorsqu’une question très délicate se posa, qui avait des implications considérables Jacques prit la direction des opérations. Il avait la capacité de traiter la question de manière à ce que chacun ait la possibilité de faire connaître sa position. Il permit à Pierre de parler, puis à Paul et à Barnabas. Aucune autre discussion ne fut permise ; Jacques se contenta d’énoncer la décision de l’assemblée des responsables, puis prescrivit un processus de mise en œuvre judicieux. Son leadership a permis d’éviter une énorme crise dans la jeune Église et la prédication de Pierre fut le catalyseur de milliers de conversions.

Je pourrais continuer, mais je veux utiliser cet exemple pour JEM, au moment où nous sommes confrontés à des développements qui nous poussent à envisager JEM sans Loren.

Je tiens tout d’abord à dire que la disparition de Loren aura sur moi, et sur chaque JEMien, un impact personnel que nous ne pouvons pas prédire. Son intervention à plusieurs moments décisifs de ma vie a été cruciale. Je peux seulement dire que si Loren Cunningham n’était pas entré dans ma vie, ma trajectoire aurait été complètement différente et beaucoup moins fructueuse, riche et satisfaisante. Il est probable que chacun d’entre nous puisse en dire autant.

Certains ont demandé : « Qui sera le visionnaire mondial ? ». Ma réponse est une autre question : « Devons-nous en avoir un ? » Loren a laissé suffisamment de vision pour durer encore bien des générations ! Mais si nous avons besoin d’un (ou de plusieurs) visionnaire(s) mondial(aux), Dieu le(s) suscitera ! Nous ne pouvons pas nommer une telle personne, mais si la main de Dieu repose sur une ou plusieurs personnes pour indiquer la voie à suivre pour l’ensemble de la mission, nous le discernerons et les reconnaîtrons.

JEM sera bien dirigée si nous avons un bon CORPS de responsables qui s’aiment les uns les autres et qui veillent à l’unité que Jésus a créée pour nous. Cette dernière réunion du Cercle des Fondateurs a été marquée par une harmonie et une unité facile. Prions pour cette unité à tous les niveaux de direction de la mission !

La plupart d’entre nous passons la majeure partie de notre vie dans des structures de direction hiérarchiques. La plupart des familles sont hiérarchisées, de même que les écoles, les universités, les emplois, les clubs et les organisations civiles, tous les niveaux du gouvernement, ainsi que la plupart des églises et des confessions. Il n’est pas surprenant que nous ayons du mal à comprendre l’approche corporelle du leadership. Cette façon de voir les choses n’est pas parfaite, car tout ce que nous faisons dans ce monde déchu présente des faiblesses. Mais je crois que nous dirigerons mieux et suivrons mieux si nous visons à refléter la vie du corps dans tous les aspects de nos activités.

Avons-nous un plan de succession au sein de JEM ? Oui ! [3] C’est la façon dont Dieu nous a dirigés depuis le début.

[1] 1972 Les premiers membres du Conseil international étaient: Loren Cunningham, Leland Paris, Don Stephens, Wally Wenge et Jim Rogers ; plus tard s’ajoutent Floyd McClung, Kalafi Moala, Lynn Green et Jim Dawson. (Source : Chronologie des fondateurs de JEM)

[2] 1995 Lors de la réunion du Conseil international/Comité exécutif international à Einigen, en Suisse, JEM forma une nouvelle équipe mondiale de leadership (GLT), élargissant sa structure pour incorporer davantage de non-occidentaux, de femmes et de jeunes leaders. Jim Stier est choisi comme président international de JEM, succédant à Loren, et Loren Cunningham devint président international. (Source : Chronologie des fondateurs de JEM)

[3] En 1972] […] le Conseil international (CI) était le groupe d’anciens mondial reconnu de la mission. Depuis lors, le cercle des anciens a fonctionné sous plusieurs noms différents. Tout d’abord, il s’agissait du Conseil international (CI). Plus tard, il a été appelé l’Équipe de leadership mondial (GLT), puis le Forum de leadership mondial (GLF). Ce groupe a été dissous à Singapour en 2014 afin de mettre en place un cadre plus plat et plus mobile au niveau trans-local à la place d’une structure organisationnelle qui devenait de plus en plus hiérarchique. Aujourd’hui, il existe de nombreux cercles d’anciens spirituels autour de la mission, dont beaucoup sont connus sous le nom d’équipes de cercle de zone (Area Circle Teams – ACT). Loren et Darlene Cunningham ont réuni un groupe d’anciens, connu sous le nom de Cercle des Fondateurs (CF).

Au cours de ces nombreuses décennies, le rôle principal du corps global des anciens spirituels (qu’il s’agisse du CI, du GLT, du GLF ou du CF) a été de confirmer, d’administrer et de sauvegarder les documents fondateurs de la mission. Bien que le CF n’ait pas la surveillance gouvernementale des cadres de leadership précédents, il joue ce rôle de protection et de clarification de nos documents fondateurs ». Source : Note historique à la fin de « The Youth With A Mission Statement of Purpose, Core Beliefs and Foundational Values » (janvier 2022).